Nous vivons dans une société où l'on cultive l'idée qu'il faut faire toujours mieux, mais ce "mieux" nous aide-t-il à être plus heureux ?
Ces dernières années, le développement personnel est devenu un véritable culte, à la télévision, à la radio, sur internet et même au rayon librairie de notre supermarché, on nous parle de devenir "la meilleure version de nous même"; mais qu'est-ce-que cela signifie ?
A travers cet article, nous allons tenter de distinguer ce que bien et mieux implique en terme de voies de développement personnel.
Nous nous trompons sur le manque !
Qui n'a jamais rêvé de devenir plus beau, plus fort, plus riche, ou plus intelligent ?
Nous fantasmons probablement tous sur ce que nous aimerions faire, être ou avoir. Ces fantasmes peuvent avoir des fonctions telles que participer à nous créer des idéaux ; lesquels nous servent ainsi de repères et permettent de nous orienter dans nos choix.
Serait-ce alors ce que l'on est pas et ce que l'on a pas qui nous oriente dans la vie? Certainement pas exclusivement, car nos angoisses et nos peurs participent tout autant à influencer nos choix de vie. Néanmoins, il est intéressant de constater que ce dont on manque contribue à nous fixer des objectifs et à poser un cadre.
Avons-nous donc tant intérêt à combler ou supprimer notre manque ?
Manquer est important car cela permet de désirer et de vouloir aller vers. Si on enlève ce manque que nous reste-t'il alors pour nous orienter ? Nos peurs et nos angoisses ne nous orientent pas forcément à aller vers mais plutôt à éviter, fuir et nous protéger. Nos croyances nous orientent également mais, sans notion de manque, elles auraient tendance à poser des certitudes et n'inviteraient donc pas à expérimenter, ni à remettre en question ou à sortir de notre zone de confort.
Remise en question du "développement personnel"
A trop vouloir être ce que l'on est pas, on s'éloigne de la possibilité de s'accepter tel que l'on est et on s'aliène petit à petit à un culte de la performance.
En promouvant la réalisation d'objectifs tels que: devenir beau, fort, riche, intelligent, le coaching en développement personnel amène à augmenter la désirabilité sociale et le besoin de reconnaissance chez ses prospects. Il ne s'agit alors non plus de développement personnel mais de développement individuel sur fond de valeur sociétale.
Cette démarche pointe ce qui sous le regard de l'autre apparaît comme faille ou défaillance à corriger. Ce schéma renforce une forme d'aliénation à l'autre. Difficile alors de s'apprécier tel que l'on est, il s'agira alors de courir d'objectif en objectif sans jamais acquérir une estime de soi sécure. L'appréciation de se voir par le biais du miroir social ne permet pas de s'apprécier réellement. Dans cette dynamique, nous apprécions en fait que ce que les autres nous renvoient, soit le fait d'atteindre ce qui est socialement valorisant et valorisé.
Les voies de développement personnel que nous critiquons comporte un leurre: s'accepter demande un travail sur soi, cependant, ce travail n'implique pas nécessairement de devenir plus performant dans un domaine, mais d'apprendre en premier lieu à se connaître. Il est important de distinguer la satisfaction que cela comporte de rehausser son égo, de la connaissance, la compréhension et l'acceptation de soi, qui ne consiste pas à aimer une version de soi plus valorisée socialement.
On n'est pas plus fort lorsqu'on ignore (volontairement ou non) ses faiblesses, mais lorsqu'on les connait et qu'on sait faire avec !
Le développement personnel sous un autre angle
Le développement personnel vise l'épanouissement et l'accomplissement de soi. Cela suppose une connaissance de soi, de ce qui est bien pour soi , de ce qui a du sens pour soi. Le véritable développement personnel répond donc à une quête de sens, à un besoin d'exister. Et hélas, exister ne va pas sans son lot d'angoisses (angoisse existentielle) et d'épreuves à surmonter.
Le développement personnel est une démarche en lien avec sa propre expérience !
Un travail sur soi permet de mettre du sens sur ce que l'on vit et ce que l'on veut. C'est donc davantage une prise de recul sur ce qui nous pousse à agir et à vouloir, plutôt qu'une injonction à faire mieux ou à faire plus.
Un dicton populaire dit que: « le mieux est l'ennemi du bien » : qu'est-ce que le mieux ? Si le mieux n'est pas du bien, est-ce vraiment mieux ? Il est important de distinguer le fait de faire mieux avec le fait de faire plus. Car au-delà d'un certain point, le plus peut être trop.
Le mieux n'est pas forcément du plus mais parfois du moins : il peut s'agir par exemple d'être moins stressé, moins angoissé, moins dépendant, ou encore moins jugeant. Il apparaît donc nécessaire de considérer que le développement personnel repose sur une notion d'équilibre personnel. Cet équilibre personnel doit être défini de manière subjective. Il est un compromis entre des plus et des moins.
Maxime Loustalot - Psychologue Clinicien et Psychothérapeute
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