Qu'elle soit physique ou psychique, la souffrance n'est pas là par hasard. Elle est la conséquence de quelque chose; sa présence vient en réaction voire en réponse à notre vécu. En effet, nos expériences laissent des traces : de beaux souvenirs, mais aussi des souvenirs douloureux avec lesquels nous nous construisons. Ainsi, la souffrance psychique dévoile un mode de fonctionnement propre à chacun.
La souffrance comme manière d'être au monde
Une des caractéristiques propre à notre époque est qu'il faut aller bien!
Pourtant, la souffrance est une manière d'être, qui peut d’ailleurs dans certains cas être une étape vers du mieux.
Tout un chacun tend à se débrouiller de son vécu. Ce qui ne veut pas forcément dire réussir avec brio ou de manière heureuse.
Comme l'électro-encéphalogramme en rend compte, la vie est un processus fluctuant. De ce fait, vouloir aller toujours bien paraît être une exigence touchant davantage à un idéal qu'à une réelle possibilité.
Dans cette perspective idéale de bien être, il n'est alors pas évident de savoir quoi faire de sa souffrance. La radier? Pourquoi pas, mais ce n'est pas si facile que ça. On aura alors tendance à vouloir mettre un mouchoir dessus: à refouler ce qui nous fait souffrir, mais cela n'efface pas le problème pour autant.
Cette faculté à refouler nous amène à trouver des solutions visant à traiter le mal être en détournant notre attention de ce qui nous fait souffrir et en nous offrant l'illusion d'avoir le contrôle sur la situation. C'est le cas par exemple dans la phobie, où l'on identifie un objet (l'objet phobique) afin d'avoir le sentiment de savoir de quoi il faut se protéger, ou d'où peut venir le danger. Ou encore dans les TOC où l'on met en place une stratégie de contrôle qui s'exerce sur des objets de notre environnement (poignées de portes, interrupteurs...). Il existe bien d'autres symptômes mettant en évidence nos mécanismes inconscients.
Comment s'accepter alors quand on ne répond pas à cette injonction de bien être?
L’intérêt de faire un travail sur soi
On peut penser qu'aller mal est une perte de temps et qu'il vaut mieux aller bien. Ou qu'il n'y a qu'en allant bien que l'on profite réellement de la vie. Cela dépend surtout de ce que l'on fait de sa souffrance. Si l'on répète le même mal-être sans jamais rien en tirer, alors peut-être qu'aller mal ne servira effectivement à rien.
A travers la douleur psychique, nous avons à reconnaître un mode de fonctionnement qui nous est propre. C'est justement cette part de subjectivité, qui donne un intérêt à faire un travail sur soi : mettre du sens sur ce que l'on vit et apprendre à se connaître, se comprendre plutôt que se subir. La perspective d'un travail psychothérapeutique permet de prendre du recul et de tirer des leçons de nos expériences douloureuses, afin de ne plus répéter ce qui ne marche pas dans notre mode de fonctionnement.
C'est parce que certains modes de souffrance sont intolérables qu'ils nous poussent à prendre conscience de certains problèmes/conflits et ainsi à trouver une solution plus appropriée et moins douloureuse.
Il s'avère donc pertinent de penser à faire un travail sur soi, peut être de se faire aider/accompagner par un professionnel, quand on a le sentiment de stagner, ou qu'on ne va pas s'en sortir seul.
Maxime Loustalot - Psychologue Clinicien et Psychothérapeute
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